GENESE DU PROJET
Par Coline Billen
Chorégraphe, directrice artistique et pédagogique de la compagnie Transe-en-Danse
L’idée de créer un spectacle à partir de l’argile est née alors que je travaillais dans le sud de l’Italie, non loin d’une plage dont le sable n’était pas du sable…. mais de l’argile en poudre. Des naturistes se promenaient sur la plage le corps entier masqué d’argile avant d’aller se laver dans la mer.
De loin, ils donnaient l’impression d’être des statues de pierres vivantes, en mouvement. Ils avaient tous
la même couleur.
C’était en août 2006, je rentrais tout juste de mon premier séjour en Afrique, au Burkina Faso, où je venais de passer trois mois seule, confrontée aux différences culturelles. Je n’avais personne pour m’expliquer les « codes », et malgré ma grande volonté de comprendre les gens rencontrés, ce fut très difficile. Quoi que je fasse, on me renvoyait toujours à mon image : « je suis blanche, je ne suis QUE blanche !
L’ampleur des malentendus que j’ai vécus à cette époque a été à l’origine de ce projet. L’envie de gommer cette différence, de pouvoir communiquer vraiment, indépendamment des couleurs, sans que l’histoire de la colonisation ne doive interférer dans chaque relation humaine. Envie de gommer non pas les couleurs, mais leur signification, le jugement de valeur qu’on y associe tous, en mal ou en bien, même inconsciemment.
Avec l’argile, il n’y a plus de blancs, plus de noirs… nous sommes tous gris !
Pourtant, si la vraie frontière n’est pas dans la couleur de peau, mais dans la culture, et dans le point de vue qu’on porte sur la vie, il me semble qu’en suspendant le regard, un instant, sur les différences, pour lui permettre de voir ce qui nous lie, nous pouvons déjà changer de point de vue, et comme d’un masque d’argile, sortir avec une
« nouvelle peau », purifiée…
L’intention du spectacle « Ce n’est pas du Sable, mais on ne le saura qu’après » est de questionner l’origine des différentes convictions spirituelles de l’humanité en partant de la similarité des questions que l’être humain se pose face à la Vie, à la Mort, au Temps qui passe… Des questions qui reviennent comme un refrain, de tous les temps, de part le Monde, et qui, au delà des différentes réponses que les différentes cultures humaines tentent d’y donner, font écho à la même quête universelle, propre à l’Humanité. Les différents symboles et messages spirituels peuvent alors apparaître comme créateurs de lien, facteurs de rassemblement plutôt que de discrimination.
Résidence sur la plage d’argile 17 sept – 1er octobre
L’équipe artistique de transe en danse s’est rendue en Italie sur la plage de Capo Rizzuto pour des premières recherches de création autour de l’argile.
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